CGI Lettre Circulaire de Renato Lima De Oliveira (2017)(publié: 31 janvier 2017)Paris, 31 Janvier 2017
Lettre circulaire - 31 janvier 2017 - 16° Président Général - Renato Lima de Oliveira
Une autre observation qui s’avère nécessaire concerne la gestion interne des Conseils, à tous les niveaux. Selon la Règle, les Conférences sont l’unité vincentienne la plus importante et les Conseils sont à leur service. Cependant, dans certaines parties du monde, a lieu une incorrecte – et aussi inacceptable – inversion de ce principe, dans laquelle nous pouvons voir des Conférences graviter autour des Conseils, puisque ceux-ci sont devenus plus importants que celles-ci. Les Conseils n’existent que pour aider au développement des Conférences, s’assurer de la bonne observation de la Règle et, par-dessus tout, pour être au service des Conférences et soutenir les projets qui naissent en leur sein. En contrepartie, pour que cela se déroule naturellement, les Conférences doivent, par devoir de conscience, contribuer économiquement au renforcement des Conseils, remplissant ainsi le rôle institutionnel prévu par la Règle. Par ailleurs, nous ne pouvons omettre de signaler que de nombreuses Conférences et Conseils ont conservé de trop grandes quantités d’argent, pour un usage futur. Néanmoins, l’idéal est que les ressources soient utilisées immédiatement, avec prudence, responsabilité et efficacité, sans accumulation. L’accumulation de ressources doit être évitée, car cette pratique ne correspond pas à la tradition vincentienne. L’aide fraternelle nationale et internationale (jumelage) dépend également en grande partie de la générosité et de la solidarité, sans restriction, des Conférences et des Conseils. Si les unités vincentiennes accumulent et conservent leurs ressources financières, il sera très difficile de répandre la charité dans d’autres régions de la planète. N’oublions pas que les biens de notre Société sont le patrimoine des personnes dans le besoin, comme nous l’avons appris avec Saint Vincent de Paul1 . Et c’est donc vers les nécessiteux que doivent être orientées, en priorité, les ressources que nous recevons. C’est aussi pour cela que l’administration de tout ce que nous possédons se doit d’être minutieuse et transparente, comme nous l’ont enseigné nos fondateurs. En ce qui concerne les élections à plusieurs niveaux de la structure de la SSVP, nous avons remarqué que quelques candidats ont pris l’habitude de critiquer le résultat, refusant d’accepter le désir démocratique de la majorité ou questionnant les règles du scrutin. Évidemment, il peut y avoir des erreurs dans ces processus électoraux qui doivent être revus par les Conseils hiérarchiquement supérieurs, et améliorés par les mécanismes de transparence que nous sommes en train de mettre en place, tels que le Service de Médiation; mais, sans entrer dans les particularités locales, nous avons besoin de vincentiens plus flexibles et tolérants qui acceptent le résultat des urnes, sachant féliciter humblement les vainqueurs et leur apporter le soutien nécessaire pour mener à bien les destins de la SSVP dans chaque localité. Le Conseil Général félicite tous les vincentiens qui se sont mis à disposition pour les élections car, sans eux, il serait impossible de promouvoir la rénovation permanente de notre institution. Je ne pourrais pas ne pas aborder, dans la première Lettre Circulaire de ce mandat, le thème fondamental de la visite à domicile des familles dans le besoin, qui est le point central de l’activité des Conférences Vincentiennes. Rosalie Rendu a enseigné aux fondateurs la forme adéquate pour aller à la rencontre des personnes dans le besoin et pour promouvoir ces visites selon l’esprit de l’évangile ; elles doivent être l’opportunité pour que les vincentiens deviennent amis des nécessiteux, en s’impliquant dans leur situation défavorable, en souffrant avec les drames personnels de chacun, dans une action affective et transformatrice. Cet esprit doit prévaloir dans nos visites vincentiennes, allégeant toutes les formes de pauvreté qui se présentent à nous dans l’exercice de ce service missionnaire. Faire partie de la Société de Saint-Vincent-de-Paul doit être le résultat d’une adhésion volontaire, spontanée, véritable, et désintéressée . Ce qui importe le plus dans ce ministère vocationnel est le service aux personnes dans le besoin. Quand il s’agit d’aider les nécessiteux, il ne doit pas exister de divergences entre nous. Si réellement, le coeur du travail vincentien se trouve dans la personne nécessiteuse, nous aurons la certitude d’être sur le bon chemin, et nous éviterons de nombreuses désillusions, frustrations ou déceptions dans notre parcours vincentien. En réalité, ce n’est pas un problème qu’il existe des divergences d’opinions entre nous, mais elles doivent se restreindre humblement à la forme du service. Les désillusions et déceptions sont elles aussi inévitables, mais elles doivent être traitées avec miséricorde et offertes à Dieu comme sacrifice pour les personnes dans le besoin que nous souhaitons servir et promouvoir. Ainsi, nous devons nous concentrer sur ce qui importe réellement : la charité, la prière, l’amour désintéressé envers les Pauvres, la collaboration à la mission de l’Église, la recherche de notre sanctification et la transformation du monde. Nous devons aussi éviter certains problèmes qui peuvent exister dans la relation entre la SSVP et l’Église, dans la relation avec d’autres entités et même au sein de la famille Vincentienne. Les dirigeants de la Société de Saint-Vincent-de-Paul doivent être des personnes ouvertes au dialogue, compréhensives, résilientes et favorables au consensus, comme nous le recommande justement la tradition vincentienne. Une bonne partie de ce type de problèmes vécus dans certains pays provient de la non observation de la Règle, de la résistance que certains ont à céder et à se défaire du propre ego au nom de quelque chose de plus grand et de conciliateur. Ainsi, sans prendre la défense ici d’un côté ou de l’autre, le Président Général implore à tous les représentants qu’ils exercent leurs fonctions avec empathie, humilité et charité, prenant de la distance avec les vanités humaines, ce qui aidera beaucoup à améliorer les relations institutionnelles avec le monde extérieur. Enfin, il est fondamental de mentionner que, dans certaines régions de la planète, certaines Conférences sont excessivement dépendantes de l’aide économique internationale, ce qui provoque un attachement de la part des vincentiens. Tous ces dons, qui proviennent de l’étranger, sont importants ; mais il faut impérativement que les membres des Conférences cherchent à s’organiser pour parvenir à obtenir de telles ressources au niveau local, afin que la charité puisse être réalisée immédiatement, et non pas uniquement grâce aux contributions qu’ils reçoivent d’autres pays. La Conférence et ses membres sont les principaux protagonistes face à la souffrance des personnes secourues. 4. Année thématique de Bailly – 2017 Je profite de cette opportunité pour annoncer que l’année 2017 est « l’année thématique de Bailly ». Nous prétendons stimuler l’étude de la biographie de cet homme mémorable, qui a créé les conditions adéquates pour que quelques jeunes français, en 1833, puissent organiser et créer les « Conférences de Charité ». Emmanuel Joseph Bailly a été le premier Président Général de la SSVP, et sa vie a été entièrement dédiée à la charité. Cela vaut la peine de connaître l’histoire de Bailly en détail. Par exemple, il est important de souligner que Bailly a été un homme extrêmement conciliateur. La première Conférence était formée de jeunes aux origines diverses : certains étaient avocats, d’autres médecins ; certains étaient républicains, et d’autres monarchistes ; certains étaient libéraux, d’autres conservateurs. Mais Bailly a su les guider tous vers la même vocation et sur le même chemin, et il est parvenu, avec talent, à conduire le démembrement de la Conférence Saint Sulpice (ladite « Conférence Mère »), évitant la division et la dispersion de ces jeunes, parmi tant d’autres interventions importantes faites par lui au long de sa vie vincentienne. De fait, nous avons beaucoup à apprendre d’Emmanuel Bailly ! C’est pour cette raison que nous sommes en train d’ouvrir un concours international de rédactions/ essais (textes inédits), ayant un maximum de 20 pages, selon le règlement spécifique qui sera publié sur le site du CGI dans les prochaines semaines. Seront concédés des prix en argent, tant pour les auteurs vainqueurs du concours que pour leurs Conférences respectives. Nous sommes certains que les travaux académiques sur Bailly seront profondément riches, et donneront à voir des curiosités et particularités de la vie de cet homme empli de sagesse et de charité. Ainsi, nous pourrons, à la fin du concours, partager ces connaissances avec tous les confrères et consoeurs du monde. Nous sommes certains que le concours sera un grand succès, et que les Conseils Supérieurs aideront le CGI dans la divulgation de cette initiative, en appelant à la participation de tous. Ce concours se répétera tous les ans, jusqu’en 2022, pour chaque fondateur, à l’exception d’Ozanam qui est déjà l’objet d’une ample littérature. Au début de chaque année, et dans les prochaines Lettres Circulaires de notre mandat, nous annoncerons un fondateur différent pour chacune de nos années thématiques. Cette initiative est une façon pour le Conseil Général International de valoriser le rôle de tous les fondateurs, qui ont reçu ensemble l’inspiration divine de fonder21 la Société de Saint-Vincent-de- Paul. Le Bienheureux Frédéric Ozanam, parmi les sept fondateurs originaux, est celui sur lequel nous possédons le plus d’informations historiques et biographiques. De ce fait, nous devons aux autres fondateurs une semblable reconnaissance car, sans eux, nous ne serions pas aujourd’hui où nous en sommes et nous n’existerions pas en tant que Société. 5. Conclusion Chères vincentiennes et chers vincentiens, Je n’avais jamais cru que je pourrais, un jour, être élu Président Général de la Société de Saint-Vincentde- Paul. L’adolescent de 16 ans qui a rejoint, à l’âge de 16 ans, la Conférence Saint Thomas d’Aquin, dans la ville de Campinas, dans l’État de São Paulo (Brésil), il y a 30 ans de cela, voulait juste visiter des familles dans le besoin et, qui sait, aider ceux qui rencontraient des difficultés au cours de leur vie. Mais la Divine Providence l’a voulu ainsi et le Saint Esprit m’a choisi pour être le dirigeant-serviteur de toute la SSVP. Pour cela, j’ai grandement besoin des prières et du soutien de tous les vincentiens du monde entier. Je vous demande de prier pour moi et pour les dirigeants qui occupent des fonctions dans les différentes entités, départements, commissions et secrétariats du Conseil Général International, ainsi que pour les employés du siège à Paris, en demandant à Dieu la sagesse nécessaire pour conduire correctement le futur de notre institution. Nous sommes tous passibles de fautes et nous pouvons mêmes prendre de mauvaises décisions. Cependant, nous n’aurons pas peur de reconnaître les erreurs que nous pourrions commettre. Une chose dont vous pouvez être sûrs : nous ne ménagerons pas nos efforts afin de donner tout le meilleur de nous-mêmes pour le Conseil Général, pour la structure de la SSVP et pour les plus de 30 millions de personnes assistées sur toute la planète. En 2017, nous commémorerons les 400 ans du charisme vincentien et de la fondation de l’Association Internationale de la Charité (AIC). Je demande à toutes les Conférences et les Conseils qu’ils se participent activement aux activités coordonnées par la Famille Vincentienne dans leurs régions, en participant aux événements et aux projets communs, dans une ample collaboration avec les différentes branches vincentiennes. Savourez les lectures spirituelles qui seront suggérées par la Famille Vincentienne au long de cette année, puisque cellesci mettront en avant les origines du charisme que nous avons en commun. Il est toujours bon, de temps à autres, de revisiter les concepts, valeurs et principes générés par le charisme, en réévaluant la qualité de notre action pour les temps présents. Nous sommes une association internationale de catholiques laïcs, et une véritable « communauté de foi, de prière et d’espérance ». Cette caractéristique nous accompagne depuis les origines de notre fondation, en 1833, et pour cela, nous ne pouvons perdre de vue cette condition qui fait partie intégrante de notre identité et mission. Cette année, nous célébrons également les 20 ans de la béatification d’Ozanam, et il est toujours bon de méditer et de se rappeler des origines laïques de notre fondation. Je remercie de tout coeur les vincentiens qui ont accepté l’invitation que je leur ai faite de faire partie de la direction du Conseil Général International. Je vous remercie pour votre disponibilité, votre engagement et votre dévouement à la structure de la SSVP. De la même façon que je félicite tous les vincentiens qui ont déjà travaillé au sein du Conseil Général en d’autres mandats et dans diverses fonctions. Vous avez contribué à élever le Conseil Général à l’excellent niveau où il se trouve actuellement. Que Dieu vous couvre de bénédiction ! Je sais que de nombreux autres sujets mériteraient
d’être traités dans cette Lettre Circulaire (formation,
jeunesse, famille, troisième âge et immigration), mais je
promets de les aborder dans les prochaines éditions. Je
souhaiterais recevoir des suggestions de thèmes à traiter
dans les années à venir. J’attendrai vos commentaires
et observations : cgi.circularletter@gmail.com.
Je vous laisse un message d’espoir et de charité,
Lettre circulaire - 31 janvier 2017 - 16° Président Général - Renato Lima de Oliveira
basé sur les vertus évangéliques, avec le désir que
l’humilité soit la marque de tout vincentien et de
toute vincentienne, particulièrement ceux qui
remplissent des fonctions au sein des Conseils et
des OEuvres : « Si quelqu’un veut être le premier,
qu’il soit le dernier et le serviteur de tous » (Saint
Marc 9, 35b). Ceci est aussi la devise de ce mandat.
Sous le tendre regard de Notre Dame des
Grâces, avec les bénédictions de Notre
Seigneur Jésus Christ et les lumières du Saint
Esprit, je vous remercie de votre attention.
Avec toute mon affection, en servant toujours dans l’espérance, Renato Lima de Oliveira, 16e Président Général Compte Rendu du CIADCGI Lettre Circulaire de Renato Lima De Oliveira (2017)
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